Cliona celata, Actinia equina, Actinothoe sphyrodeta, Metridium senle, Corynactis viridis… Que de noms latins, barbares, parsemés de « Y », des noms écorchant nos délicats tympans ! J’écris, j’écris et je m’aperçois que j’aurais peut-être dû commencer par le début… Samedi 16 mai, 23h15, le ria d’Etel, site du Magouër. Le ria est calme, le vent souffle à peine, seul l’éclairage orangé de la ville rappelle que nous sommes là.
En respect avec la charte des plongeurs d’Etel, silencieux, nous déambulons sur les marches qui nous mènent au clapotis de l’eau. Les phares sont chargés. Equipées, les premières palanquées se mettent à l’eau.
Aujourd’hui, la visi. est moyenne, à peine quelques mètres. Les photons de nos lampes laissent au milieu un aspect laiteux. Fébriles, épaule contre épaule, nos tympans nous confirment que la palanquée progresse vers la profondeur. Un instant de doute, un petit rappelle avec le compas et le tombant du Magouër est là !
A qui sait prendre le temps de regarder, il y a mille choses au m². Le plongeur palmeur, avide de distance n’a pas sa place sur ce site. Site de la bio, site de l’observation, le Magouër révèle sa richesse et ses trésors…
Des œillets de mer rouges frangés de blanc, des anémones marguerites au cœur jaune, des actinies rouges, des cliones jaunes à foison (vous trouverez d’ailleurs une très très grosse clione, d’un bon mètres et demi de large sur un mètre de haut vers les 13 mètres).
Vous croiserez tout le long de la plongée, des éponges mamelles blanches, des hydraires-antenne, des anémones viridis frangées de mauves et la reine du site, l’anémone perle ou anémone bijou. Sur des pans entiers, elles sont là les petites reines du Magouër, habillées de vert, de jaune, de rose, de mauve, le faisceau du phare vous révèle ses couleurs magiques.
Les colonies d’Alcyons jaunes sont là aussi, accompagnant leurs sœurs de couleur rouge. Au mille polypes proéminents, peintes de rose saumon, les gorgones verruqueuses sont au rendez-vous.
Au coin d’une roche, baignée par le courant, parée de son élégant panache branchial, le spirographe figure parmi les invités du Magouër.
Invités aussi, la grande vieille, le dormeur, l’araignée, l’étrille et moult petits poissons et coquillages… nasse réticulée, natice, littorine.
Lors d’une plongée de nuit au Magouër, vous pourrez croiser le seigneur du ria, le congre. Chassant, il passera près de vous, vous surprenant dans un recul, silencieux, pour rejoindre son trou, son repaire. En cherchant un peu, non loin, la crevette bouquet aux yeux roses fluo sera là, vivant sa symbiose avec son seigneur.
Les yeux exercés verront les discrets macropodes, ces petites araignées de mer, se camoufler au sein de boutures d’hydraires ou d’éponges qu’elles ont arrachées. Des pontes de petits doridiens vous laisseront peut être voir comme cette nuit, de nombreux polyceras blancs et jaunes, ces petites merveilles de la nature sauront vous charmer, et le jeu sera ensuite pour vous de les trouver.
50 minutes de plongée, 50 bars au mano, fin de plongée, nous revenons en capelé, la pensée encore au fond, les yeux éblouis par la beauté infinie de la nature qui jamais ne se lasse de nous étonner.
Nous n’avons pas tout vu, nous reviendrons, c’est promis…
Bruno D. ><)))°<